La pause est terminée. Maman reconcentre-toi un peu tu vas voir les questions qui t’attendent sont de la plus haute subtilité et à coup sûr tu sauras si je suis vraiment un garçon sensible. Ne t’inquiète pas comme la dernière fois je vais t’aider à trouver les solutions à ces douloureux problèmes.

8) Est-il pudique ?

Je pense que comme tout adolescent en pleine maturation corporelle j’ai traversé une période difficile où je me trouvais des complexes. Alors oui j’étais sûrement pudique. Je le suis encore actuellement mais cela ne me gène pas de me promener nu chez moi pour émoustiller la libido de mon cher et tendre…et puis j’avoue que cela ne me dérange pas de fréquenter les plages naturistes.

9) Est-il fan des chanteuses divas (Dalida, Mylène Farmer…) ?

 Moi je veux mourir sur scène davant les projecteurs car sans contrefaçon je suis un garçon et puis merde je suis démasqué i’m born this way ! Quoi je suis une vrai queer !!! Jamais de la vie j’aime quand ça bouge parce que ce coma là faut que ça bouge !

10) Reste-t-il longtemps dans sa salle de bain ?

Définition de longtemps ? Sur quel ciitère ? Quelle doit être la durée moyenne d’une douche ? Je n’aime pas me presser le matin. Et puis franchement c’est pas vraiment glamour si tu débarques au boulot avec la tête dans le cul non ? Il faut assurer un minimum de standing.

 11) A-t-il un piercing à la langue, à l'arcade, au nez ou à l'oreille ?

Erreur de jeunesse à l’oreille gauche (parce qu’il parait que la droite c’est pour les pd…). Si mon métier était différent je craquerai bien pour une petite fantaisie sur l’arcade. La langue non merci et le nez bonjour les bactéries !

12) Met-il du temps à se coiffer avant de se montrer ?

  C’est redondant…avec la salle de bain. Un petit coup de gel ou de cire sur mes cheveux très courts ça me prend trente secondes. C’est grave Maman ? Faut dire qu’avec la nature de cheveux dont j’ai hérité je ne peux pas prétendre à la mèche façon Bieber !

13) Vous posez-vous des questions sur l'orientation sexuelle de votre fils ?

Maman, si tu réponds aux questions précédentes c’est donc que tu t’es ruiné à installer cette application sur ton smartphone et donc oui tu te pose forcément la question !….pff tout ça n’est que remplissage et ne contribue pas à la résolution du mystère.

14) Etes-vous divorcée ?

Et voilà que pointe la menace de la femme castratrice, dominatrice qui fait fuir son mari…alors là permets moi Maman de répondre à ta place (c’est-ce que je fais depuis le début ???) : pas de divorce, marié depuis 48 ans !!

 15) Aime-t-il les comédies musicales ?

Reconnais que cela est plus passionnant que Joséphine Ange Gardien non ?

16) Vous a-t-il présenté une petite copine ?

Ben non…ma mère aurait sûrement été jalouse  

17) Le père est-il très autoritaire avec son fils ? 

J’ai souffert énormément de la tyrannie de mon père, je ne m’en sujs jamais remis…Il n’avait pas besoin d’être autoritaire vu que j’étais un être tout à fait adorable et sage comme une image L’autorité masculine ferait plutôt craindre les hommes….

 18) Dans ses relations familiales, dénote-t-on une certaine absence du père ? 

Mon père a toujours été présent.J’ai résolu mon complexe d’Œdipe merci.

19) Dans son enfance, était-il plutôt timide et discret ? 

Je ne peux guère le renier puisque c’est toujours le cas mais je ne vois pas en quoi cela peut aider à répondre à la question initiale. L’exubérance et l’extraversion ne sont pas un gage de l’hétérosexualité ! 

20) A-t-il de la complicité avec son père ?

Leave my father aloonnnne ! Complice à quel point ? Parler de sexualité, être grivois, partager les tâches de mâle dominant comme le bricolage, le jardinage…tondre la pelouse ?

Je vois Maman que tu n’es pas vraiment aidée par ce questionnaire…Tu sais tu pourrais te faire rembourser et puis nous nous installerions pour déjeuner un jour d’été. Tu aurais remarqué ces derniers temps que j’essayais de mettre de la distance entre nous. Tu te serais inquiétée à l’idée de voir notre tendre relation s’émousser…alors tu m’aurais tendu une perche (une grande de préference…) et tu aurais remplacé toutes ces futiles questions par une seule :

« est-ce que tu préfères les garçons ? »

Oui Maman.

                                                  Si ma mère devait s’interroger sur mon orientation sexuelle à l’heure d’aujourd’hui, elle disposerait moyennant finance d’une arme redoutable et infaillible. En répondant seulement à une vingtaine de questions pertinentes et d’une rigueur scientifique implacable, ma mère saurait si oui ou non son fils d’amour chéri aimait tâter du sucre d’orge. Allez maman chérie je vais t’aider à répondre à ces questions vérités fleurant bon le cliché et autres poncifs à deux balles qui persistent dans notre société moderne et haut combien tolérante vis-à-vis de nous les hommes qui aiment les hommes. Ah pardon, je devrai plutôt parler de garçons sensibles…pour respecter le politiquement correct.

1) Aime-t-il bien s'habiller, fait-il très attention à ses tenues et aux marques ?

Sans vouloir prendre le risque de passer pour un thon, je fais quelques efforts dans le choix de mes vêtements pour éviter les fautes de goûts. Néanmoins je ne passe pas des heures devant mon armoire suspendu à une quelconque interrogation métaphysique me conduisant à hésiter devant la combinaison idéale à porter pour cette occasion si particulière, celle d’aller bosser (occasion qui soit-dit en passant est de loin la plus fréquente…). Quant aux marques, j’y suis sensible effectivement sans pour autant être un esclave marketing. A dire vrai, le vêtement c’est du consommable et j’ai de plus en plus de mal à faire crier la CB uniquement pour jouer les m’as-tu-vus.

2) Aime-t-il le football ?

Ça dépend (ça dépasse…)…s’il s’agit du jeu en lui-même je m’en contrefous littéralement. Oui je l’avoue je ne suis pas passionné par ce combat de 22 coqs se disputant les grâces du ballon rond, en revanche j’aime le football pour d’autres raisons évidentes… Alors Maman tu réponds quoi à la question ?

3) Avant sa naissance, souhaitiez-vous que cet enfant soit une fille ? Mais qu’est-ce que c’est cette question débile teintée de psychologie magazine ? Donc Maman si tu as pensé pendant toute ta grossesse que tu attendais une deuxième fille…tu as dû être sacrément déçue en voyant mon appendice à l’entrejambe t’arrosant fièrement à chaque fois que tu changeais mes couches ! Ah non…tu voulais un garçon…je suis rassuré…je ne suis donc pas une fille manquée !!

4) S'est-il déjà battu ou a-t-il participé à une bagarre ?

Je n’en ai jamais eu l’occasion. Je suis d’un naturel très sage mais j’adore les combats de gladiateur. Sans doute faut-il prouver sa virilité, son côté mec en usant de ses poings et en faisant couler le sang de son adversaire pour être qualifié de mâle hétérosexuel…Moi je dis juste que c’est faire preuve d’une bestialité primaire ayant pour unique but de savoir qui est le plus fort…ou qui a la plus grosse. Juste puéril.  

5) Lit-il des journaux sportifs ?

 L’auto-journal peut-il être considéré comme un journal sportif ? Y’a pas que le sport dans la vie…. 

6) A-t-il une meilleure amie ?

 Si tant est que je puisse classer mes amitiés selon des critères rigoureux à définir, l’affirmative tient lieu de réponse à l’interrogation. Je pourrai préciser que cette meilleure amie n’est pas « une fille à pédé » comme le laisserait supposer la lecture des interlignes. Et mon meilleur ami ? Ben oui aussi…et non à la question que tu te poses sur mes phantasmes. 

7) Aime-t-il les sports d'équipe ?

Aucune imagination…trois question sur 20 sur le sport. Mais comment faut-il le dire ? Le sport ne fait pas l’Homme…il lui façonne seulement un corps d’athlète et ne présage en rien de sa préférence sexuelle. Ok je l’avoue j’aime me la jouer solo.

Maman, faisons une pause tu veux bien ? Ces sept premières énigmes sont véritablement épuisantes et nous allons devoir, toi et moi, avoir besoin de toutes nos capacités intellectuelles pour poursuivre cet interrogatoire et tenter d'obtenir une solution à la problématique qui t'habite. 

Comme je ne parle pas trop de ce qui se passe au niveau de mon boulot mais que tu crèves d'envie d'en savoir un peu plus sur ton Poussin adoré, j'ai cette petite idée de te faire partager mes voyages culinaires qui égayent mes midis et souvent mes nuits. Et je sais dès à présent que tu vas en baver d'avance...

Et comme dirait Méryl Streep dans "Julia and julia" je te souhaite un

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                                                                             Un jeudi soir ordinaire dans les rues bordelaises. Des bandes de jeunes, ces individus à l'humanisation imparfaite et aux principes éducatifs sans doute à revoir, débarquent en ville pour faire la fête. Dès le début de la soirée ce sont des dizaines d'individus à l'acné encore fraîche ou des étudiants de « grandes écoles » qui se défient à haute voix dans les rames du tramway intimidant par la même occasion les autres, ceux qui essaient de rentrer chez eux. Armés de cocktail déguisé dans une bouteille d'eau minérale, de flûtes de champagne pour les plus raffinés, ou de simples canettes de bière premier prix, ces soiffards et padawan de la vie descendent gorgée après gorgée leur breuvage alcoolisé sans même prendre le temps de l'apprécier, l'important étant sans doute de parvenir en quelques minutes à un état digne de pouvoir apprécier la fête à sa juste mesure...Où vont-ils ? Peu importe. Sans doute écumer les bars à tapas, les before pour oublier leur triste condition de jeunes paumés insouciants et irresponsables. Ne va pas croire que je les juge même si mes propos te font croire le contraire. C'est juste une observation d'un rituel nocturne de fin de semaine qui semble prendre des proportions de plus en plus importantes d'année en année. Comme si ce gavage organisé constituait une porte d'entrée dans l'âge adulte...Le taux d'alcoolémie est à son apogée. Le jeune ne communique plus. Il hurle avec une certaine confusion. Les mots s'entrechoquent formant des onomatopées incompréhensibles pour le commun des mortels. Le troupeau de compatriote continue à dégainer les bouteilles comme de vulgaires sodas. Vodka, Bière, Whisky. Alcool fort en tête de gondole. Ils boivent. Ils s' »esctasient ». Ils forment une tribu. Une famille. Le liquide s'accumulant, les effets se font rapidement jour. Les excès vésicaux se répandent sur les trottoirs laissant dans l'atmosphère une odeur pestilentielle d'urine frelatée. Les garçons de leurs attributs arrosent les quais de la Garonne quand ils ne trébuchent pas pour s'y noyer. Les filles accroupies entre deux voitures s'oublient dans le caniveau. Les estomacs se sont guère plus étanches. Le trop plein rejoint la fange des trottoirs. Et c'est reparti pour une tournée générale. Jusqu'à plus soif on te dit sinon t'es vraiment pas fun. Les tessons de bouteilles claquent par terre. Le verre brisé s'accumule sur le sol parce que bien sûr l'effort est trop insurmontable de marcher quelques mètres pour jeter son cadavre transparent dans un bac communément appelé poubelle. La nuit s'écoule comme l'alcool dans leurs veines. Les boites les accueillent pour les premières heures matinales tandis que certains sont transportés sur une civière pour se faire dégriser dans le service des urgences où ils continueront d'envoyer valser leur contenu gastrique dans un « haricot » en polystyrène au rythme cadencé de leur haut-le-cœur convulsif tandis que leurs pantalons et jupes s’imprégneront de leurs oublis humides...pour les plus chanceux d'entre eux. Le matin calme les esprits. Les jeunes repartent. Les autres,ceux qui vont bosser, constatent d'un air las les fruits de la débauche de leur jeunesse dorée. Les services municipaux s'activent à effacer les traces et rendre place nette aux communs des mortels...et ce soir la fête recommencera.